SPLASH! Episode 1 La Piscine
« Qu’avons-nous en commun ? » Depuis quelques années cette question m’obsède ou me passionne. Qu’est-ce qui nous rassemble, ou : comment nous rassemblons-nous ? Et que se passe-t-il quand nous sommes amenés à vivre ensemble, en nous côtoyant, en nous frôlant les uns les autres ? Comment nous parlons-nous ? Les regards que nous portons sur nos semblables sont-ils doux, voyeuristes, inquisiteurs ?
Pour mener cette enquête j’ai choisi d’aller à la rencontre des gens qui fréquentent des lieux publics. Il en existe de toutes sortes mais c’est la piscine publique qui s’est imposée. On s’y déshabille, le maquillage social y a peut-être moins cours… On y joue, à coups de grands SPLASHS ; on tente de se dépasser soi-même par l’effort, en accumulant les longueurs ; on y cherche la grâce en pratiquant la natation synchronisée… Oui le rapport à l’eau nous met à nu, tant il est complexe, à la fois essentiel – sans eau il n’y aurait pas de vie – et inquiétant – dès que l’on ne sait pas nager.
Au cours du mois d’aout 2020 je suis donc allée à la rencontre des gens qui fréquentent les piscines de Lombez, Samatan, Gimont et L’Isle-Jourdain. Portrait d’une partie du Gers, de la Gascogne, ces échanges que j’ai enregistrés permettent aussi, je crois, de se poser la question du privé et du public, de la beauté ou de l’amour, des rêves et des déceptions.
Au bord de la piscine de Lombez, j’ai rencontré une femme dont le père a été enfermé par les troupes de Franco avant d’être échangé contre des sacs de farine et de rencontrer au Maroc celle qui allait devenir sa femme. Au bord de la piscine de Gimont j’ai rencontré une femme née en Algérie d’une mère suédoise. Au bord de la piscine de L’Isle-Jourdain j’ai rencontré les enfants d’une famille syrienne. Et à Lombez à nouveau : un parisien vivant à Montréal. Et au bord du lac de Samatan, un animateur né en Russie. Et Dilan, un ado de quinze ans, que j’ai aimé écouter parler de sa relation aux autres. Alors si vous avez vingt minutes, voici le premier des trois épisodes. »
texte Arno Bertina pour Hélène Mathon