Gervaise Schmitt

1931 – ? © Dessins Fatma Ikerrouiene

En 2012, paraissait le livre de Cécile Chambon, ” Les oubliés d’Auschwitz “, révélant l’histoire peu connue de la déportation des Tsiganes durant la Seconde Guerre mondiale. Ce livre retraçait l’histoire de Gervaise Schmitt, arrêtée avec sa famille à Roubaix, en novembre 1943. Et en 2018, paraissait l’étude de l’historienne Monique Heddebaut, Des Tsiganes vers Auschwitz, relatant le destin des 352 Tsiganes de Nord-Pas-de-Calais et de Belgique, qui partirent le 15 janvier 1944 du camp de Malines (Belgique) à destination d’Auschwitz, par le « Convoi Z », la lettre faisant référence au mot Zigeuner, Tsigane en allemand. Des travaux de Monique Heddebaut, il ressort que 65 de ces personnes résidaient à Roubaix, lors de leur arrestation, commune où ils avaient élus domicile après qu’un décret du 6 avril 1940, eut interdit la circulation des nomades pendant toute la durée de la guerre. Deux d’entre eux réussirent à s’échapper. En nous référant à cette étude, le lieu de résidence de Gervaise Schmitt et de sa famille est, en novembre 1943, au 80 rue Edouard Anseele, au numéro 23 de la Cour Vromant. Les familles Schmitt, dont tous les membres sont nés en France, et leurs proches, Vinstretin, Mehrstein et Schuhmaker vivent alors dans diverses maisons de cette courée. Le père et le frère de Gervaise, jouent de la guitare dans un orchestre, son grand-père est luthier.

« Des familles entières ont donc été raflées, principalement là où elles se sont regroupées ou sédentarisées. Très peu y ont échappé, si ce n’est le fait du hasard ou des circonstances.
Les témoins ont remarqué à chaque fois que l’opération était menée par les Allemands avec les autorités françaises en renfort ou en appoint. L’aide extérieure que les Tsiganes auraient pu espérer a été rare. L’indifférence a souvent été la règle. Ce qui se traduit par l’absence d’enfants cachés, ces actions de sauvetage ayant existé dans et pour les familles juives sur le point d’être arrêtées. Mais il est également vrai que confier ses enfants à des gadgés est difficilement concevable dans la mentalité tsigane» (Monique Heddebaut, p. 103)

Seuls 32 survivants du convoi Z revinrent des camps, 21 hommes et 13 femmes. Parmi elles, Gervaise et Marie-Madeleine Schmitt-Vinstretin, sa mère, qui rentrèrent à Roubaix, après avoir été évacuées vers la Suède après la libération du dernier camp où elles avaient été enfermées, Ravensbrück. Nous proposons que la mémoire de Gervaise Schmitt et des 63 Tsiganes déportés depuis Roubaix soit référencée au 80 de la rue Edouard Anseele.

 

 

Références

  • Cécile Chambon, Gervaise Schmitt, Les oubliés d’Auschwitz, Editeal, 2012, 77 pages.
  • Monique Heddebaut, Des Tsiganes vers Auschwitz, le convoi Z du 15 janvier 1944, Paris, Ed. Tirésias, 2018, 323 pages.