Les News de juillet 2023

Marie Mainardis Comédienne, Hélène Degrandpré Photographe, Lise Laclavetine Auteure.

 

Deux ans de confinements, de repli sur soi et puis l’explosion d’une vie à distance que nous n’avons pas vu venir, persuadés qu’il y aurait un monde d’après. L’apparition de multiples applications censées nous « simplifier » la vie, c’est à dire nous éviter l’éventualité d’une rencontre, d’une aventure, bref.. d’une vie. Globalement, la sensation d’une attaque générale sur les liens. En parallèle, la chute vertigineuse de la biodiversité, la disparition d’espèces familières, compagnes comme les appelle D.Haraway. L’angoisse de ne plus apercevoir d’hirondelles, la sensation de la perte irrémédiable d’un monde, mais surtout un terrible sentiment d’impuissance. A. Damasio dit que nous sommes « prisonniers du présent », tétanisés, dans l’incapacité d’agir, de proposer des solutions, d’imaginer l’avenir autrement que dans le techno-cocon proposé par le capitalisme qui, nous le savons, nous conduit tout droit à la catastrophe. Quel rôle peut jouer le théâtre dans cette situation? Cet art -vieux de 2000 ans- pauvre, résilient, apparaît irréductible à la formidable progression des technologies. Aujourd’hui, plus que jamais, il est en mesure de brandir ce qui nous manque: un imaginaire de combat pour nous projeter dans un futur différent où nous pourrions renouer avec les “autres qu’humains*” comme les nomme P. Descola. C’est à cela que nous travaillons depuis deux ans, c’est à cela que nous allons continuer à travailler dans l’année qui vient avec la création de la pièce L’hôtel du monde qui signe un retour à la création pour la compagnie. On a hâte !

H. Mathon

 


 

LA LANGUE ÉCARLATE VOUS PROPOSE UN STAGE DE THÉÂTRE

 


 

RÉSIDENCE DU SPECTACLE
 ” J’ai creusé des chutes “

 

Du 3 juillet au 7 juillet, La Langue Ecarlate accueille en résidence Paloma Arcos et Camille Grillère pour leur spectacle “J’ai creusé des chutes” qui interroge notre rapport au sous-terrain, au visible à l’invisible, à tout ce que nous enfouissons pour le faire disparaître.

Nous vous invitons le jeudi 6 juillet à 21h30 à l’Esplanade des Capucins (lieu à confirmer) à Gimont pour leur sortie de résidence.

Extrait du spectacle : “S’il y a une chose que j’ai comprise, c’est que tout ce qui vieillit descend avec la force de gravité et tout ce qui meurt va dans le sol, et pourtant on dit que le paradis est là-haut et l’enfer là-dessous. Les églises sont construites de telle sorte que, si vous grimpez jusqu’au sommet, vous pouvez presque toucher le paradis. Mais personne n’y est enterré, c’est logistiquement irréalisable, l’homme est enterré plus près de l’enfer que du paradis, cela n’est pas acceptable pour moi, ce n’est pas honnête, si tout était mieux organisé, on pourrait aller au ciel sans faire beaucoup d’effort, il faudrait déterrer toutes ces églises, les creuser et les planter avec leurs pointes dans le sol saumâtre comme des cure-dents, puis frapper leur fond avec un gros marteau pour qu’elles disparaissent complètement dans le sol. Et à partir d’ici maintenant, on va dire que le ciel est en bas.

 

© Photographies Hélène Degrandpré